Fișier:StemaBrasov.svgBraşov

Braşov est une ville de Roumanie ayant le titre de municipe (capitale administrative locale), et aussi de chef-lieu du comté de Braşov.

Elle se situe autour de la colline Tâmpa, dans la région de Ţara Bârsei, à la courbure des montagnes Carpates, dans la partie sous l'influence saxonne de la Transylvanie historique. Elle est jumelée avec les villes de Tours en France, avec Minsk la capitale de la République de Bélarus, Cleveland de l'État de l'Ohio et Tampere, deuxième ville de Finlande.

Elle fut construite en 1211 par l’Ordre teutonique comme fief de l'ordre avec un ensemble de fortifications puissantes qui devaient pouvoir arrêter ou limiter l'effet destructeur des invasions mongoles (et tatares) qui avaient à l'époque décimé le territoire à l'est qui correspond à l'Ukraine de nos jours — beaucoup de Russes d'Ukraine avaient alors fui vers Moscou et les régions du nord. Après ces invasions, l'ordre se déplaça peu à peu vers le nord de l'Europe et la ville continua à se développer avec une population allemande importante et une population roumaine minoritaire jusqu'au début du XXe siècle.

Le nom roumain Braşov (en hongrois Brassó) est mentionné dans les documents latins du début du deuxième millénaire sous les noms de Barasu et Brasu pour la région. Pourtant, dans les mêmes documents latins, on désigne la ville sous le nom de Corona. On observe ainsi dans le temps la superposition des deux noms Corona/Kronstadt et Braşov.

Le professeur Pavel Binder a observé en 1964 que le nom de Braşov ou des noms similaires sont très répandus dans la Roumanie et Ţara Bârsei (nom de personnes, de rivières, etc.), ce qui pourrait signifier son origine.

Ces affirmations ont attiré les critiques de l'académicien Al. Surdu, qui dit que le nom Braşov doit bien être lié à la cité tout en rejetant la thèse du professeur F. Philippi comme fantaisiste. Selon ce dernier, les deux noms s'expliquent par la légende de Solomon, qui « met la couronne à la racine d'un arbre » (comme dans le blason) qui se dit en slave « crono na brad tschop-lita » pour qu'ensuite crono donne Corona et brad donne Bradov qui donne Braşov.

Une autre approche est de relier le nom à une rivière ou à la Tempe. En ce qui concerne les eaux, un document ancien de 1360 fait référence au « fluvium Brassou ». Une interprétation de F. Philippi en 1874 explique que le nom vient de l'ancienne cité Brasovia sur la Tempe, détruite par Corvin. En 1928, G. Treiber et E. Jekelius utilisent cette hypothèse pour expliquer qu'en slave le mot baras, qui veut dire « cité » ou « vérité », est à l'origine de Brasov.

G. Kisch en 1929 écrit qu'à l'origine il y avait l'archétype Krun qui signifiait « petit sapin » qui se dit en roumain bradişor, d'où Bra(d)seu.

De toute évidence, l'origine de ce double nom ainsi que l'année de fondation de la ville restent ouvertes à toute autre conclusion. En ce qui concerne le nom allemand Kronstadt ou latin Corona, il semble relié au nom de la colline Tâmpa.

En 1353, le blason de la ville est une couronne avec des fleurs en forme de crinoline et une crinoline. En 1429 est apparu aussi le gros arbre avec ses racines. Le blason de nos jours compte 13 racines qui font référence aux 13 communes de la région Ţara Bârsei (Pays de la Bârse en français, en allemand c'est Burzenland). Le couronne en or a 3 lobes, symbolisant la puissance. Le blason est composé d'une couronne murale d'argent formée de 7 tours qui est le signe spécifique de toutes les communes. Sur le blason se trouve l'inscription "MUNICIPIUL BRAŞOV" en roumain et en dessous, en latin Deo vindici Patriæ (À Dieu, défenseur de la patrie). La signification du blason est La sagesse et la puissance conduisent pour toujours la cité. Ce blason officiel n'est pourtant pas reconnu par la Commission héraldique de Roumanie.

Parallèlement à ce blason officiel, il y a un autre blason non officiel datant de 1600 et proposé récemment par le président du Conseil du Judeţ. Ce blason offert comme cadeau par Michel I le Brave à l'empereur Rodolphe II, sur fond probablement à l'origine vermillon et délimité par deux bandeaux jaunes en haut et en bas, se trouve le blason ancien dans un cercle bleu délimité par une couronne d'argent. En dessous est écrit "CORONA" en lettres gothiques. À partir du cercle central partent des bandeaux jaunes vers les côtés. De nos jours, ce blason est exposé devant le Palais de la Justice, sur la tour Blanche et non loin de la tour Noire (au Belvédère). Ce dernier bénéficie d'une illumination nocturne comme le drapeau roumain qui se trouve sur le mont Tâmpa de l'autre côté.

Les fouilles indiquent la présence des grandes cultures néolithiques (culture Noua, Tei, Schnekenberg) sur le territoire de nos jours de Braşov.

Plus tard, les découvertes archéologiques ont attesté l'existence des temples daces autour de la zone "les Pierres de Solomon", de quelques dépôts pour les aliments sous le marché du Conseil (au cœur même de la ville), de quelques habitations et cités sur la colline Dealul Melcilor et dans le quartier Valea Cetăţii (la Vallée de la Cité). La plupart de ces découvertes ont été détruites ou détériorées par les autorités communistes, dans le cadre du programme de systématisation.

Avant le XIIIe siècle de notre ère, aucun document ne parle de Braşov. Cependant, on observe une présence continue, surtout dans la zone Şchei ou Bartolomeu. La commune actuelle s'est construite par l'union de plusieurs centres : Bartolomeu, Braşovul Vechi, la Corona, Şchei, Blumenau, Noua, Dârstea et Stupini.

C'est à la demande du roi André II de Hongrie que Hermann von Salza conduit une expédition contre les Coumans. Les chevaliers teutoniques s'établissent alors au sud-est de la Transylvanie et tentent d'y créer un État autonome. Aux XIIIe et XIVe siècles, Braşov est attaquée par les Tatars et les Turcs. De grands remparts sont érigés pour la défendre, qui resteront en service jusqu'au XVIIe siècle.

Au XVIe siècle, la ville, métropole des Saxons de Transylvanie, connaît un grand essor économique, grâce à une position géographique intéressante et certains privilèges fiscaux. Du point de vue historique, Braşov est au moins aussi importante que Sibiu, car elle était le centre militaire et politique traditionnel des Saxons de Transylvanie. Il y avait à cette époque 45 corporations différentes, et la prospérité permet l'édification de nombreux monuments dont certains sont encore visibles aujourd'hui. C'est également le siècle où Johannes Honterus, un humaniste allemand, réside et travaille à Braşov. Les premiers livres roumains y seront imprimés par Coresi. Pourtant, en 1688, un incendie ravage la ville et la population doit faire face à une épidémie meurtrière.

Au XIXe siècle, la destruction des remparts permet un renouveau d'activité, avec l'arrivée des usines et des manufactures. On y édite la Gazette de Transylvanie, journal militant pour l'indépendance (Dans le cadre de l'Autriche-Hongrie, l'ancien voïvodat de Transylvanie a été aboli en 1867 et directement rattaché à la Hongrie).

Après la Première Guerre mondiale, la Transylvanie ayant voté son rattachement à la Roumanie, Braşov devient le deuxième centre économique roumain après Bucarest, mais sera soumise, comme toute le pays, au demi-siècle de régimes dictatoriaux carliste, fasciste et communiste de février 1938 à décembre 1989. La ville est partiellement détruite par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. En 1945, Braşov est occupé par l'Armée rouge et les Saxons de la ville et ceux de la région, suspectés en bloc d'avoir soutenu la Wehrmacht, furent déportés en Union soviétique. Un petit nombre put revenir après la déstalinisation (1956).

Entre le 8 septembre 1950 et 24 décembre 1960, la ville fut nommée Oraşul Stalin (Staline-ville) en l'honneur de Joseph Staline. Durant cette période, sur le versant du mont Tâmpa, la forêt fut « découpée » pour y incruster avec des arbres d'espèces différentes, sur tout le versant les lettres "S T A L I N" dont les dernières traces de coloration ont presque disparu ces dernières années.

La région de Braşov connut la plus forte résistance contre le communisme de toute la Roumanie. Soutenus par la population rurale, les résistants armés vivaient dans les montagnes. La plupart des guerriers furent assassinés en 1962, mais une partie des résistants n'avait toujours pas été retrouvée en 1989 à la fin du communisme. On notera également la résistance importante des paysans à la collectivisation des terres.

Le 15 novembre 1987, une révolte spontanée de la population fut réprimée (il y eut plusieurs morts) et les personnes impliquées furent ensuite sévèrement interrogées. Les gens avaient réussi à pénétrer dans l'Hôtel de ville et s'étaient partagé toutes les réserves de nourriture de la nomenklatura et avaient jeté dans les égouts les archives de la Securitate locale. Cette révolte spontanée ne put renverser le système dans le pays entier car le pouvoir communiste s'est vite remis en place les jours suivants dans la ville.

Deux ans plus tard, en 1989, c'est la deuxième ville qui se soulève contre le communisme, après Timişoara, mais avant Bucarest. Malgré l'ordre de tirer sur la population, la plupart des coups furent tirés en l'air, limitant ainsi le nombre de victimes. Une partie importante des victimes vivait sur les collines les plus hautes. Au total, il y eut 66 morts, la plupart touchés par des balles perdues.

Suite à ces deux révoltes, la ville a reçu le titre de "ville martyre", symbolisé sous forme d'un monument à l'entrée dans la ville.